11.10.08

İstisnai yayınlara devam: Pro Hieronymus, le commentaire rapide et introductif d'un extrait du "Domesday Book"




Extrait:

LE DOMESDAY BOOK (1086)


I. Le roi envoya ses hommes à travers toute l’Angleterre, dans chaque comté ; ils devaient compter le nombre de hides dans chaque comté, quelle quantité de terre ou de bétail le roi lui-même avait dans le pays, quelles redevances lui étaient dues annuellement dans le comté. Il fit aussi évaluer l’étendue de terres que possédaient ses archevêques, ses évêques, ses abbés, ses earls, la quantité de terre ou de bétail possédée par quiconque occupait une terre dans le royaume, et leur valeur en argent. Cette enquête fut menée si rigoureusement que pas un seul hide, par un yard de terre, par un bœuf, une vache ni un porc ne fut oublié ; il est honteux de le relater, mais il semble que le roi n’ait pas eu honte de le faire.

II. Lorsqu’à l’époque du roi Édouard un subside général était levé, chaque hide dans tout le Berkshire, versait trois deniers et une obole avant la Noël et autant à la Pentecôte.

Si le roi envoyait une armée dans une région, quelle qu’elle soit, un seul guerrier y allait pour cinq hides et pour sa subsistance ou sa solde, chaque hide versait 4 sous pour deux mois. Ces deniers n’étaient pas remis au roi mais aux guerriers. Si quelqu’un était convoqué pour une expédition et n’y allait pas, toute sa terre était confisquée au profit du roi. Si quelqu’un se procurait un remplaçant pour rester et si ce remplaçant qui devait être envoyé restait aussi, le maître du remplaçant payait 50 sous.

Lorsqu’un thegn ou un guerrier appartenant au roi mourait, il laissait comme relief au roi toutes ses armes, un cheval avec une selle et un cheval sans selle. S’il avait des chiens ou des faucons, ils étaient offerts au roi, qui les prenait s’il voulait.

Si quelqu’un tuait un homme ayant la paix du roi, son corps et ses biens étaient confisqués au
profit du roi.

Si quelqu’un pénétrait la nuit par force dans une ville, il payait 100 sous au roi et non au sheriff.

Si quelqu’un était convoqué pour aider à la chasse du roi et n’y allait pas, il payait au roi une amende de 50 sous.

III. La terre du comte de Mortain

Dans la centaine de Tring. Le comte de Mortain tient Berkhamsted. Estimé à 13 hides. Il y a de la terre pour 26 charrues. En domaine 6 hides avec 3 charrues ; il pourrait y en avoir 3 autres. Ici, un prêtre, 14 villeins et 15 bordiers ont 12 charrues. Il pourrait y en avoir 8 autres. Ici, 6 esclaves, un fossier qui a 1/2 hide et Renouf, serviteur du comte, qui a une vergée. Dans le bourg de cette agglomération, 52 bourgeois qui rendent 4 livres du tonlieu, ont 1/2 hide et deux moulins valant 20 shillings. Ici, deux arpents de vigne. Un pré pour 8 charrues. Des pâturages pour les bêtes de l’agglomération. Un bois de mille porcs et 5 shillings. Valeur totale de 16 livres. Quand il le reçut 20 livres. Au temps du roi Édouard 24 livres. Edmar, thegn de l’earl Harold, tenait ce manoir.

Renouf tient du comte Shenley. Estimé à un hide. Il y a de la terre pour deux charrues. On en trouve une et il pourrait y en avoir une autre. Ici, deux bordiers. Des pâturages pour le troupeau. Un bois de 100 shillings. Valeur de 5 shillings. Quand il le reçut 3 livres. A l’époque du roi Édouard 4 livres. Deux sokemen tenaient cette terre : l’un housearl du roi Édouard et l’autre un homme de l’earl Lewin. Ils pouvaient la vendre.

Le comte lui-même tient Aldbury. Estimé à 10 hides. Il y a de la terre pour 7 charrues. En domaine, 6 hides et 3 charrues. 8 villeins, un sokeman et un Français ont 4 charrues. Ici, un bordier et 4 esclaves. Des prés d’1/2 hide. Un bois de 500 porcs. Valeur totale de 110 shillings. Lorsqu’il le reçut, 8 livres et autant à l’époque du roi Édouard. Alwin, thegn du roi Édouard, tenait ce manoir.

Traduit du vieil-anglais. Provenance : Two of the Saxon Chronicles parallel with supplementary extracts of the others, éd. J. Earle et C. Plummer, 2 vol., Oxford, 1892-1898.

Indications bibliographiques :
M. DE BOUÄRD, Guillaume le Conquérant, Paris, Fayard, 1984.
J.C. HOLT (dir.), Domesday Studies, Woodbridge, The Boydell Press, 1987.
K. MORGAN, Histoire de la Grande-Bretagne, Paris, A. Colin, 1985.
C. PETIT-DUTAILLIS, La monarchie féodale en France et en Angleterre, Xe-XIIIe siècles, Paris, 1971.



Essai d'introduction:

Le
Domesday Book (le surnom “Le Livre du Jugement dernier” a été donné par des contemporains) est le résultat d’une enquête ordonnée par Guillaume le Conquérant en 1085 dans l’objectif de dresser l’état des ressources du Royaume d’Angleterre par l’intermédiaire du recensement de tous les domaines et leurs tenants. Les enregistrements effectués sous serment par des commissaires au cours de l’année 1086 ont composé le Domesday.

Son titre original est «
Descriptio totius Angliæ », ce qui signifie qu’il s’agit de la description territoriale et de l’inventaire des revenus de la couronne d’Angleterre. Le Domesday est une descriptio, un grand répertoire cadastral qui fait partie de la documentation fiscale et socio-économique, et constitue un acte de la pratique. Il est possible de parler de son caractère normatif dans la mesure où cet édifice colossal fixe les responsabilités fiscales de chaque propriétaire et/ou tenancier envers la couronne.

L’extrait proposé de l’enquête, rédigé par un clerc normand en latin comme la totalité du
Domesday, s’ouvre par un préambule qui indique le résumé du contenu et des objectifs de l’acte ordonné par Guillaume, non sans critiquer l’aspiration panoptique du souverain. Ces considérations générales sont suivies d’une description du déroulement de la levée d’un subside général sous le règne du roi anglo-saxon Edouard le Confesseur (St. Edward the Confessor, 1042-1066). Dans cette deuxième partie de l’extrait, les relations des guerriers avec le prédécesseur de Guillaume sont détaillées ainsi que leurs devoirs. L’auteur explique comment les domaines militaire et de la sécurité étaient maintenus dans le cadre royal. En dernier lieu, l’inventaire des terres du comte de Mortain, vassal du roi, est donné. Les résultats de l’enquête menée sur les terres du comte de Mortain à Berkhamsted, à l’Est d’Oxford, indiquent le nombre des unités imposables, la valeur des revenus de chacune avec leurs moyens et capacités d’exploitation, les noms des tenanciers actuels et des détenteurs d’avant l’invasion normande.

Le commentaire de ce document peut s’organiser autour de l’affirmation selon laquelle, en dépit des transformations engendrées par l’invasion normande, le règne de Guillaume et plus précisément la rédaction, l’entreprise et le contenu du
Domesday se situent dans une continuité, et non pas dans une rupture profonde et brutale avec l’administration anglo-saxonne. Nous pouvons nous poser la question : « dans quelle mesure ce document incarne ou illustre ce que Jean-Philippe Genet appelle « la deuxième conquête normande » (celle de l’administration) ? ».

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